samedi 21 février 2009

GOLGONOOZA, CITE DE L'IMAGINATION


Golgonooza représente la ville de Londres éveillée à la spiritualité par les pouvoirs d’imagination de Los, pour protéger ses habitants du chaos d’Ulro et préserver leur vision spirituelle. La description de la cité des arts met en évidence l’aspect quadruple de la vie humaine, ouvrant sur les quatre mondes et les quatre puissances intériorisées en l’homme. La forme de la cité ne va pas sans rappeler le mandala, symbole du Soi.

Los pleura par excès de joie et tous pleurèrent ensembles !
Ils craignirent de ne jamais revoir leur Père, qui
Etait séparé de l’Eternité, dans les collines d’Albion.
Mais quand, après de chaleureuses embrassades, la joie de la rencontre s’estompa,
A nouveau ils déplorèrent: « Ô ! Que nous est-il possible de faire pour l’adorable Jérusalem,
Pour détourner les Emanations des fils d’Albion de la cruauté?(...)
Que pouvons-nous faire pour toi Ô douce Jérusalem ? »

(p651) Et Los dit: « Je contemple avec terreur le doigt de Dieu.
Albion est mort; ses émanations* se séparent de lui,
Mais je sens que je suis en vie, pourtant je sens mes émanations qui se séparent de moi.
(...)Toutefois, pourquoi désespérer? J’ai vu le doigt de Dieu s’avancer
Sur mes Fourneaux, depuis l’intérieur des Roues des fils d’Albion,
Rendant leurs Systèmes permanents par le pouvoir mathématique,
Donnant un corps à la fausseté pour qu’elle puisse être rejeté pour toujours,
Avec la Science Démonstrative perçant Apollon de son propre arc.
Dieu est à l’intérieur et à l’extérieur; il est même dans les profondeurs de l’enfer. »

Telles étaient les lamentations des Travailleurs dans les fourneaux.(...)
Et ils construirent Golgonooza, terrible éternel labeur.

Que font ces bâtisseurs d’or ? Voici que
Les pierres sont faites de pitié et les briques de sentiments bien forgés,
Emaillées d’amour et de bienveillance, et les tuiles gravées d’or,
Travail de gracieuses mains. Les poutres et les chevrons sont faits de pardon;
Le mortier et le ciment sont faits du travail et des larmes de l’honnêteté; les clous
Et les écrous et les attaches de fer, d’une tendresse bien forgée,
Et les mots bien conçus, solides fixations, jamais oubliés,
Réconfortent toujours le souvenir; le sol, est fait d'humilité,
Le plafond, avec la dévotion; les cheminées, par les action de grâce.
Les rideaux, tissés de pleurs et de soupirs, forgés en des formes adorables
Pour le confort. Ici le secret mobilier de la chambre de Jérusalem
Est forgé. Lambeth ! La Fiancée, l’Epouse de l’Agneau, t’aime.
Tu ne fais qu’un avec Elle, et tu t’oublies toi-même source de ta plus profonde joie.
Allez-y, bâtisseurs, avec espoir, même si Jérusalem erre au loin
Sans la porte de Los, parmi les roues Sataniques !

Quadruples sont les fils de Los dans leurs divisions. Et quadruple
La grande cité de Golgonooza: quadruple vers le nord
Et vers le sud quadruple, et quadruple à travers l’est et l’ouest,
L’une dans l’autre à travers les quatre points cardinaux - celle en direction de
L’Eden*, et celle en direction du monde de la génération,
Et celle en direction de Beulah*, et celle en direction d’Ulro*.
(Ulro est l’espace des terribles roues étoilées des fils d’Albion.)
Mais celle en direction de l’Eden est close jusqu’au temps de la rénovation;
Pourtant elle est parfaite dans sa construction, dans ses ornements et ses réalisations.

Et les quatre points cardinaux sont ainsi contemplés dans la grande Eternité*.
Ils sont les quatre visages en direction des quatre mondes de l’humanité
En chaque homme; Ezekiel (Ezéchial en français ) les vit vers les eaux du Chebar[Associati1] .
Et les yeux sont le sud, et les narines sont l’est,
Et la langue est l’ouest, et les oreilles sont le nord.

Et la porte nord de Golgonooza vers Génération
Possède quatre terribles taureaux sculptés, devant la porte de fer,
Des taureaux de fer. Et celle qui regarde vers Ulro,
En terre cuite émaillée, rougeoyant éternellement comme quatre fourneaux,
Tournant sur les roues des fils d’Albion avec un monstrueux pouvoir.

Et celle vers Beulah quatre - d’or, d’argent, de bronze et de fer.
Et celle vers Eden quatre, formée d’or, d’argent, de bronze et de fer.
La quadruple porte de l’ouest est fermée, ayant quatre chérubins
Comme gardes, vivants, travail des mains primordiales (laborieuse tâche!)
Comme des hermaphrodites, chacun doté de huit ailes.
Celui vers Génération, de fer; celui vers Beulah, de pierre;
Celui vers Ulro, d’argile, celui vers Eden, de métal.
Mais toutes portes fermées jusqu’au jour du Jugement, quand les tombes délivreront leurs morts.

La quadruple porte de l’est, terrible et mortelle en ces ornements,
Prenant leur formes depuis les roues des fils d’Albion, comme des dents
Sont formées sur une roue pour s’ajuster aux dents d’une roue averse.(...)

Et chaque partie de la citée est quadruple, et chaque habitant quadruple.
Et chaque marmite et chaque vase et chaque vêtement et chaque ustensiles des maisons
Et chaque maison, quadruple; mais la troisième porte en chacun
Est close comme par un triple rideau d’ivoire, de fine toile et d’hermine.

Et soixante-quatre mille génies gardent la porte de l’est;
Et soixante-quatre mille gnomes gardent la porte du nord;
Et soixante-quatre mille nymphes gardent la porte de l’ouest;
Et soixante-quatre mille fées gardent la porte du sud.

Autour de Golgonooza s’étend le pays de la mort éternelle, une terre
De douleur, de misère et de désespoir, en proie éternelle et ruminante mélancolie.
[Associati2]
Depuis la Coquille bleue du Monde, jusqu’à la Terre Végétative.
L’Univers Végétatif s’ouvre comme une fleur depuis le centre de la Terre :
Dans lequel est l’Eternité.
Celui-ci se répand en étoile jusqu’à la Coquille du Monde,
Et là il rencontre à nouveau l’Eternité, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur.

Et les Vides abstraits entre chaque Etoile sont de Sataniques engrenages,
(mais tout ce qui est visible à l’homme Généré
Est une création de miséricorde et d’amour, depuis le Vide Satanique.)
Le pays d’obscurité flambait, mais sans lumière ni repos ;
Le pays des neiges, des tremblements, était secoué de grêles incessantes ;
Le pays des tremblements de terre et des labyrinthes entrelacés ;
Le pays des ruses et des pièges et des engrenages et des trappes et des affreuses usines ;
Les Vides, les Solides, le pays de brumes et les régions d’eau ;
Le pharisaïsme s'assemblant tous contre la Vision Divine ;
Une Terre Concave, merveilleuse, impénétrable, Abyssale, Incohérente,
Formant la Coquille du Monde, environnant Golgonoza au dessus, au dessous, de tout côté.
Los marche autour des murs de la cité nuit et jour.
Il regarde la Cité de Golgonooza, et ses plus petites citées,
Et tout ce qui a existé dans l’espace de six milles ans,
Permanent et non perdu, ni perdu ni disparu ; et chaque petit acte,
Parole, production où prière ayant existé, tout y est encore,
Abscons à ceux qui ne demeurent pas en eux, simple possibilités,
Mais à ceux qui entrent en eux ils apparaissent comme les seules substances.
Car toute chose existe, et ni un soupir ni un sourire ni une larme,
Un cheveux où une particule de poussière, d’aucun ne peut disparaître.
Toutes les choses s’étant passées sur Terre sont vues dans les claires Sculptures des
Couloirs de Los, et chaque Age régénère ses pouvoirs à travers ces Œuvres
Toutes les histoires pathétiques possibles, depuis la haine jusqu’à l’amour entêté ; et toutes les peines et les détresses sont sculptées ici ;
Toute Affinité Parentale, Maritale, ou Amicale sont là,
Dans toutes leurs diverses combinaisons, façonnées d’un Art merveilleux,
Tout ce qui peut arriver à l’homme dans son pèlerinage de soixante-dix ans.
Telle est la divine loi écrite d’Horeb et de Sinaï,
Et tels sont les Saintes Evangiles des Monts Oliviers et Calvary.

[Associati1]Référence à la vision du prophète dans livre d’Ezekiel, I,1

[Associati2] Il s’agit des labyrinthes de sottise et d’erreur qui entoure le monde mortel. Ils se manifestent le plus dans les religions organisées..

1 commentaire:

Bertrand a dit…

Bonjour Didier,

Site très éclairant sur les œuvres de Blake, tant par les écritures, les visions et le chant.
Lecture d'autant plus éclairante sur le sommeil actuel d'Albion / Adam, aux Quatre coins de nos nations que Blake imaginait tant dans leurs dimensions terrestres / géographiques,
et humaines (physique/sensuel, social/politique, moral/philosophique,
religieux/spirituel) et qu'il continue de nous transmettre.
Charge à nous de tirer l'Albion de son sommeil et de ses fascinations...
Poster pseudo pour contact éventuel sur la page d'accueil de votre site dont je partage les travaux.
Bien à vous,
Bertrand